Homélie du mardi 2 février 2021

2 Fév 2021 | Homélies

Père Gilles Rousselet

Fête de la Présentation de Jésus  –  Ml 3, 1-4 ; Ps 23 ; Lc 2, 22-40

Voilà, cette fête, c’est la première fois que Dieu vient visiter le Temple physiquement. Dieu était présent : le temple de Jérusalem c’est le lieu par excellence de la Présence de Dieu, et là c’est la première fois où Dieu vient physiquement, en son Fils Jésus-Christ, visiter le Temple. Et alors ce qui est extraordinaire dans ce récit, c’est la nécessité d’être accueilli. Dieu ne s’impose pas, il ne vient pas de manière imposante, on peut dire, comme on peut le voir dans la vie de certains grands personnages qui s’imposent d’eux-mêmes, même d’une certaine manière d’ailleurs si on regarde un peu comment l’Église s’est imposée d’elle-même comme une institution d’autorité et de pouvoir, comment maintenant, par la grâce de Dieu, elle est appelée à plus d’humilité, de discrétion, mais vraiment à l’image de cette Présentation. Voilà, Dieu se présente au Temple. Il se présente à nous, à notre existence, dans la plus simple… la plus grande humilité, la plus grande discrétion, et en même temps avec cette nécessité d’être accueilli, d’être reconnu, d’être proclamé. (Vous pouvez éteindre vos lumignons, il y a le chauffage, on n’est pas chauffés aux lumignons, ici). En vous voyant, je me disais justement : « On va les éteindre ». C’est beau, parce que, en vous regardant, en nous regardant, nous voyons ce petit signe visible de la lumière, cette lumière que nous avons reçue à notre baptême, et comment cette visibilité peut demeurer quand elle est éteinte ? Je veux dire quand le lumignon est éteint.

Nous sommes vraiment appelés à être ce peuple de témoins, c’est d’ailleurs le fruit extraordinaire de cette Présentation, par notre vie. Dans le Notre Père, nous disons : « Que ton Nom soit sanctifié, alors que c’est le Nom de Dieu qui est source de toute sanctification, comment peut-il être sanctifié de manière visible si ce n’est justement par l’accueil que nous lui réservons, à ce Nom, et par lequel nous choisissons de vivre. Voilà, comment demeurons-nous témoins de l’invisible qui s’est rendu présent dans l’humilité et la discrétion, par notre propre vie. C’est peut-être une question importante à se poser, surtout en ce jour de la vie consacrée, toutes les personnes consacrées. Bonne fête à toutes les personnes consacrées, prêtres, diacres, évêques, religieux, religieuses, laïcs consacrés, en n’oubliant jamais que la première consécration, d’ailleurs toutes les autres sont comme une mise en œuvre de cette consécration primordiale qui est celle de notre baptême. Et à ce titre-là, nous sommes tous appelés à manifester la présence de Dieu dans notre vie, et le choix que nous avons fait de le suivre. Cette célébration, quand nous avons allumé nos cierges, ne peut pas être quelque chose de cantonné à notre petite communauté, voilà on avait allumé nos cierges. D’une certaine manière, nous allumons des cierges ici pour nous rappeler que nous sommes appelés à être lumières à l’extérieur : ce monde qui vit, qui traverse des ténèbres, qui marche dans la nuit. On réalise de plus en plus combien les jeunes générations sont marquées par ce temps de confinement, qu’il y a beaucoup, de plus en plus de dépressions, de fragilités qui s’expriment et qui se révèlent, et ce monde dans lequel nous vivons a besoin de lumière ! Et vous avez vu d’ailleurs que les véritables témoins de cette Présentation de Jésus au Temple, ce sont un vieillard, qui n’était pas prêtre, c’était un homme juste, voilà, qui attendait, qui était dans l’attente, dans le désir, dans l’attente fidèle, il était là, et il était rempli de l’Esprit Saint, et puis cette femme, qui était là, dans le Temple, jour et nuit, depuis son veuvage. Tous les deux, deux vieillards, qui représentent un peu à la fois tout l’Ancien Testament, et en même temps notre humanité, qui reconnaissent, dans la discrétion de cette Présentation, dans le Temple immense, je ne sais pas qui peut imaginer combien était grand ce Temple, immense, majestueux, et dans la foule des personnes qui étaient là, ce n’était pas un temps de confinement, donc il n’y avait pas besoin de distances. Tout le monde était là, on peut imaginer les grands personnages, en tout cas ceux qui se considéraient comme grands, qui mettaient beaucoup d’argent dans le Temple, qui se faisaient entendre, qui se faisaient voir…  Et voilà qu’il y a une toute jeune femme, un jeune homme, portant un bébé dans ses bras, qui arrivent au Temple, et il est reconnu par ce vieillard et cette prophétesse. Et c’est nous, c’est vraiment ce que nous sommes appelés à accueillir. Le Seigneur demande à être accueilli. Peut-être renouveler notre oui au Seigneur, dans chaque instant de notre vie, un consentement à sa Présence, tel qu’Il se présente à nous, peut-être parfois de manière inattendue : nous aurions peut-être préféré qu’Il se présente à nous d’une autre manière, par telle ou telle personne, qu’on n’aurait pas souhaité rencontrer aujourd’hui, par tel ou tel événement qu’on n’aurait pas souhaité vivre…   dans un plein consentement. En disant « Eh bien voilà, Seigneur, je reconnais que c’est Toi qui viens à ma rencontre », et puis, d’une manière ou d’une autre, chacun avec notre sensibilité, n’ayons pas peur de le dire. Vous avez vu, j’imagine que pour le coup, cette famille qui voulait être discrète, peut-être qu’il y a des personnes qui se sont rassemblées autour de Syméon, quand il a fait cette prophétie extraordinaire, qui est comme un concentré de toute la vie de Jésus, de tout ce qu’il va provoquer : il n’est pas venu pour…  Jésus dit : « Ce n’est pas à la manière du monde que je vous apporte la paix, ça va créer aussi des divisions, des tensions, des contradictions », et puis dire à Marie aussi comment elle va être pleinement associée, on peut dire, dès le début, à ce que Jésus, son fils, est venu nous donner : « Et toi, ton cœur sera transpercé d’une épée ».

Voilà, c’est toute la révélation chrétienne qui est là, qui demande à être accueillie. On ne le redira jamais assez, accueillie pour nous-mêmes et pour les autres, dans notre témoignage. Vous avez vu que le fruit de cet accueil, c’est une parole prophétique : est-ce que notre vie personnelle et communautaire est vraiment prophétique ? C’est-à-dire donnant à voir non pas l’angoisse, la peur, comme le disent tous le media, mais une parole de lumière et d’espérance, vous avez vu comment elle reconnaît la consolation de Jérusalem. Est-ce que notre vie personnelle, communautaire, est vraiment une parole prophétique, qui annonce la consolation, qui annonce que nous allons vraiment dans la lumière, avec la lumière, et aussi dans la louange, c’est pour ça qu’elle a tellement d’importance dans notre vie.

Dimanche dernier, on avait la soirée Hosanna’M – maintenant c’est l’après-midi Hosanna’M – et nous nous sommes vraiment réjouis dans la louange. On sentait vraiment qu’on était portés dans cette louange, comme un don de Dieu, comme une manifestation de l’Esprit Saint, qui nous soulève, alors qu’on pourrait être attirés on peut dire vers le bas, vers les ténèbres. La louange, que nous vivons ensemble, elle nous ouvre au contraire à la lumière. C’est dommage, parce qu’il n’y aura pas la soirée Hosanna’M dimanche prochain, en raison d’un cumul de propositions, puisqu’il y a aussi la messe aux couleurs de Taizé dimanche à 16h30, donc voilà, on ne pourra pas faire les deux. Mais venez à la messe de Taizé, n’hésitez pas à venir, c’est une messe, une célébration qui est vraiment très méditative, dans la méditation de la Parole de Dieu, au travers de ces très beaux chants, et puis de ce rite qui est simple, qui est à la portée de tous, et qui nous dit la Présence de Dieu.

Amen