Homélie du mercredi 20 mai 2020 – Père Laurent de Villeroché

22 Mai 2020 | Actualité, Homélies

6ème semaine du Temps Pascal année A –  Ac 17,15.22-18,1 ; Ps 148 ; Jn 16, 12-15

Virus ou pas, les choses ne changent pas et la liturgie nous aide, et nous sommes nombreux à nous nourrir de la Parole. Jour après jour, les lectures et l’Évangile se suivent. C’est comme si Jésus, par petites touches, nous parlait, continuait à nous enseigner, à nous former.

Hier, on a entendu cette phrase : “Il est bon que je m’en aille”. Aujourd’hui, nous avons une promesse : “l’Esprit vous conduira dans la Vérité toute entière”, ce qui veut dire que ses Apôtres et nous n’étions pas encore tout à fait capables de percevoir cette vérité. Alors au fond, notre travail, c’est de nous laisser faire par Jésus, de consentir à sa présence, à consentir à ce qu’il veut manifester de Lui, de son projet jour après jour.

“Il est bon que je m’en aille”, cela me fait penser à cette autre phrase de Jésus Ressuscité à Marie Madeleine :”Ne me touche pas”… dans le contexte d’aujourd’hui, cela veut sans doute dire ‘ne me retiens pas’. C’est parfois notre tendance, nous voulons aimer Jésus, et c’est bien, mais nous voulons l’aimer à notre manière, vouloir son bonheur à sa place. Nous essayons d’aimer Jésus comme nous le voyons, nous plaquons notre amour sur Lui. ‘Ne me retiens pas’ ce qui veut dire, j’ai besoin de t’échapper, à tes manières de m’enfermer, même si tout cela est plein de bonne volonté… tout simplement parce que je veux te sauver, toi mais aussi toute l’humanité… Nous sauver vraiment…  Ce n’est pas seulement la présence de Jésus qui importe, sa présence dans une bulle, dans un cœur à cœur, mais plutôt le chemin, la vérité, la vie qui s’ouvrent grâce à sa présence ! “Il est bon que je m’en aille” pour que vous puissiez entrer dans ce chemin, cette vérité, cette vie. Le texte d’aujourd’hui nous aide en nous parlant de cet Esprit qui nous conduira à la vérité toute entière. L’essentiel de la vie de Jésus, le sens de sa présence, c’est de nous ouvrir à la vérité de Dieu. On voit le débat de la 1ère lecture où st Paul dialogue : Ce Dieu que vous attendez, je vous l’annonce… Ce que Jésus nous annonce, c’est que Dieu son Père est aussi le nôtre… Vérité de Dieu ! Quand on découvre ce mystère, cela veut dire que Jésus nous ouvre l’accès à une autre vérité. C’est celle de notre avenir à nous…

 Demain, la fête de l’Ascension va nous faire contempler une seule chose : un homme, certes c’est Jésus –donc pas n’importe qui-, cet homme est auprès du Père, un peu comme si l’humanité avait le droit de faire partie de la vie de Dieu. Comme dans  les mariages ou les familles quand s’ajoutent des ‘valeurs ajoutées’, la belle famille devient une valeur ajoutée …nous sommes donc des ‘valeurs ajoutées’ de Dieu… Vous imaginez cette vérité de l’homme qui s’éclaire grâce à Jésus ! ça veut dire que tout ce que nous tissons dans notre journée, même les plus petites choses, toutes les relations que nous vivons, toutes les fois où nous luttons, ça a de la valeur aux yeux de Dieu. Demain nous contemplerons cela grâce au mystère de l’Ascension… “Il est bon que je m’en aille” nous dit Jésus, cela va permettre que l’Esprit nous conduise vers cette vérité de Dieu et de l’homme. Alors, ce départ n’est sûrement pas un abandon, mais nous pouvons le prendre comme une confiance que Dieu nous fait. Cette vérité est entre nos mains, c’est à nous ensemble de la ‘vérifier’ et si l’on décortique ce mot, cela veut dire ‘faire vrai’. Nous allons avoir l’Esprit Saint qui nous conduit vers la vérité toute entière, et c’est à nous, ensemble, dans ce corps du Christ, dans cette nouvelle présence du Christ, de la vérifier, de la ‘faire vraie’. Rendons nous compte !  la vérité du projet de Dieu est entre nos mains ! C’est une tâche immense,  c’est pourquoi après l’Ascension nous serons contents d’accueillir l’Esprit de Pentecôte…  c’est une tâche formidable car Jésus nous confie l’avenir qu’il a ouvert. À chaque Eucharistie, et déjà dans l’écoute de la Parole, que nous pouvons partager, écouter, même si nous ne communions pas de façon sacramentelle, à chaque Eucharistie, nous reprenons des forces… c’est pour laisser l’Esprit Saint nous aider à rendre encore plus vraie la mission de Jésus. 

Prions donc pour nous-mêmes, prions pour ceux que nous rencontrons, ceux que nous portons dans notre prière. Prions pour tous ceux qui essaient de faire corps, d’une manière ou d’une autre, là où nous sommes,  pour que cette mission de Jésus se vérifie.

Amen !