Homélie du lundi 18 mai 2020 – Père Gilles Rousselet

20 Mai 2020 | Actualité, Homélies

6ème semaine du Temps Pascal année A – Ac 16, 11-15 ; Ps 149 ; Jn 15, 26-16,4a

D’abord, deux ou trois petites réflexions qui surgissent en moi ; par exemple depuis que nous portons des masques. Ça nous interpelle sur des gestes que nous faisons très habituellement assez machinalement ; je ne dis pas que c’est votre cas, mais ça peut arriver. Des gestes que nous faisons un peu par habitude, par tradition ; par exemple, le fait de signer la Parole de Dieu pour celui qui la proclame. Mais aussi de se signer soi-même au moment de la proclamation de l’évangile. On fait des gestes très machinalement ; sauf que là, on a un masque et que, tout à coup, on se dit « Tiens, il y a quelque chose qui bugge. C’est déjà une occasion de se demander comment je fais ce geste, que signifie-t-il pour moi ? Et ça arrive d’autant plus qu’on est un peu gêné dans nos gestes habituels.

Comme par exemple, le fait de parler et de respirer : pour moi, prêcher avec un masque est plus fatigant que de prêcher sans masque. C’est aussi l’occasion de me rappeler que je ne peux pas prêcher sans le souffle ! D’ailleurs, essayez de parler sans souffle, vous n’y arriverez pas ! Et de la même manière, de manière analogique, prêcher sans le souffle de l’Esprit Saint, sans avoir soi-même médité la Parole de Dieu, c’est impossible. Témoigner sans le souffle, comme nous y invite Jésus, c’est absolument impossible…

Et tout à l’heure vous verrez, il y a un troisième geste que nous faisons assez machinalement. C’est celui de la communion. Si vous essayez avec le masque, je vous souhaite bien du plaisir ! Donc, il va falloir enlever le masque. Et de manière analogique, c’est quelque chose de très important : je ne peux communier qu’à la mesure où je consens à être moi-même, sans masque. Et puis peut être aussi en intériorisant ce geste d’accueil : ce que je reçois dans mes mains et dans ma bouche, ce n’est plus du pain, c’est vraiment le corps du Christ.

De la même manière, au début du confinement, on avait été invité, et on l’est toujours, à ne pas se donner la Paix du Christ physiquement. Et je me rappelle de situations où on a pu se donner la Paix du Christ sans se regarder, avant le confinement ! Aujourd’hui, on ne peut se donner la Paix du Christ qu’en se regardant, dans les yeux… Il y a autre chose qui passe. C’est intéressant, je trouve, quand il y a des gestes de barrières, de voir que c’est l’occasion de redécouvrir la profondeur de ce que nous vivons de manière un peu habituelle. C’est la première chose.

La deuxième chose, c’est ce que nous dit Jésus : il insiste bien « Je vous dis cela pour que vous ne soyez pas scandalisés quand ça arrivera (le fait que d’autres personnes vous rejettent) ». C’est vrai qu’on pourrait se dire « Ils sont quand même gonflés, ils ne nous respectent pas, comment ça se fait, …. » Jésus dit que c’est le propre du témoignage ! Je veux dire que c’est clair que si nous annonçons l’évangile, il y a deux causes, deux possibilités de scandale.

La première, c’est que j’annonce ce que je ne vis pas. Évidemment, c’est un scandale ! Je suis un scandale, ce n’est pas l’évangile, dans le fait que je ne le vive pas. Dans toutes les accusations contre l’Église, un des sujets qui vient est « Vous annoncez ce que vous ne vivez pas », en particulier dans le domaine de la morale.

La deuxième, est que l’évangile ne peut pas être un ensemble de compromis. Ce n’est pas possible, il faut vraiment annoncer l’évangile et on découvre même que ce qu’il faut annoncer c’est le kerygme : Jésus est mort et ressuscité, il est le Seigneur. C’est ça qu’il faut annoncer, mais ça ne peut pas laisser indifférent ! C’est un critère : si je témoigne, mais que ce que je dis ne choque jamais personne, il faut peut être que je me demande si j’annonce vraiment l’évangile dans toute sa force.  Un saint disait « L’évangile c’est du feu, vous en avez fait du sucre ». C’est ça que Jésus nous dit « Je vous dis cela pour que vous ne soyez pas scandalisés. » Si vraiment vous annoncez l’évangile avec votre vie, avec ce que vous êtes, alors c’est normal que ça provoque des réactions, et parfois même des réactions violentes.

Il dit « Quand l’heure sera venue [de votre témoignage] vous vous souviendrez de ce que je vous l’avais dit. » Ok, super ! A condition qu’on ait entendu qu’il l’avait dit… Et donc, quelle est la place de la Parole de Dieu, de l’écoute de la Parole de Dieu dans ma vie ? Comment ce temps de confinement a-t-il été un temps d’écoute vraiment approfondie de la Parole de Dieu ? Il y a beaucoup de gens qui ont dit ça… Pour que je me souvienne de ce que quelqu’un a dit, il faut que je l’aie entendu ! Si je ne l’ai pas entendu, comment je pourrais m’en souvenir ? Le pape François, quand il avait parlé des 15 maladies de la Curie romaine, avait dit « l’alzeihmer spirituel » c’est-à-dire qu’on ne se rappelle pas ce que Jésus a dit, ce qu’il est.

La dernière chose, c’est que vous savez qu’il y a 10% des chrétiens persécutés dans le monde : 1 de nos frères sur 10 est persécuté dans le monde. Le Pape François dit qu’il n’y a jamais eu autant de chrétiens persécutés qu’aujourd’hui ; qu’il y en a beaucoup plus que dans les débuts de l’Église. 10% de chrétiens persécutés… C’est pour ça qu’il nous envoie le Défenseur, l’Esprit Saint. Nous allons approfondir, intérioriser le rôle de l’Esprit Saint.

La première chose, c’est que l’Esprit saint nous aide à croire en Jésus. Mais à croire dans le vrai Jésus qui est venu nous révéler le Père. Ce n’est pas nous qui déterminons qui est Jésus et qui est Dieu : nous le recevons. Donc, l’Esprit Saint est celui qui va vraiment nous aider à croire en Jésus tel qu’il est. Il y a un passage dans l’évangile qui est très beau : Jésus monte dans la barque, et l’évangile dit « Il monta tel qu’il était ». Peut être qu’il était en maillot de bain…. J’accueille Jésus tel qu’il est.

La deuxième chose est qu’il nous aide à témoigner : l’Esprit Saint est celui qui nous aide à témoigner, à témoigner de la vérité. Pas de ce que nous essayons d’aménager pour que ce soit acceptable. Quand Jésus dit qu’il est le Pain vivant, les gens s’opposent à lui et il le réaffirme : « Je suis le Pain vivant, si vous n’en mangez pas, vous n’aurez pas la vie en vous. »

On va approfondir le rôle de l’Esprit Saint jusqu’à la Pentecôte : c’est décisif ! Nous entrons non seulement dans cette préparation à la Pentecôte, mais nous vivons vraiment dans le temps de l’Esprit Saint, où l’Eglise doit être totalement renouvelée. Et c’est seulement possible par l’Esprit Saint.

Amen