Homélie du dimanche 17 mai 2020 – Père François Jourdan

18 Mai 2020 | Actualité, Homélies

6e semaine du temps Pascal  Année A  Actes des Apôtres (8, 5-8,14-17) Ps 65(66) St Pierre apôtre (3,15-18) Évangile selon st Jean (14, 15-21)

Les lectures parlent de la Samarie. Nous devons aller en Samarie, en suivant le diacre Philippe comme cela nous est dit dans la première lecture ; il fait partie des sept diacres, Pierre et Jean sont allés le rejoindre aussi, ils ont osé faire ce qu’a fait Jésus : aller chez les Samaritains, même si c’est mal vu. Jésus a déjà été traité de ‘Samaritain’, ce n’était pas un bon qualificatif dans le contexte de l’époque. Les Samaritains aussi ont droit à la Bonne Nouvelle. Ils ont droit aussi à ce chemin. Nous voyons qu’ils avaient reçu le baptême mais pas encore l’Esprit… on reçoit l’Esprit à la confirmation, on le reçoit dans tous les sacrements, mais pour des choses différentes. C’est pour cette raison qu’il y a plusieurs sacrements, car sinon un seul pourrait suffire… Vous voyez, le Seigneur veut être avec nous, aux moments importants, aux tournants de nos vies et dans la  vie ordinaire aussi.

Nous nous souvenons, le Seigneur avait dit à la Samaritaine : ‘Si tu connaissais le don de Dieu’, et la Samaritaine avait fait sa recherche de Dieu, avec toutes ses limites et Jésus l’a bien vu. Et cette parole est restée : Si tu connaissais le don de Dieu, c’est-à-dire que Dieu se donne ! À vue humaine, c’est un blasphème ! Pour les musulmans et d’autres pensées humaines : Dieu ne peut pas se donner… la transcendance de Dieu devant le peu de chose que nous sommes ! Eh bien si, justement…ce n’est pas à la manière des hommes, et Jésus a appris cette phrase à la Samaritaine : ‘Les vrais adorateurs du Père le sont en esprit et en vérité’ (s’il y avait des Juifs parmi nous, leurs cheveux se dresseraient sur leur tête !) Ce ne sont pas des vues humaines, là encore. Et cette vérité, le Seigneur la partage et la vit avec ses Apôtres, et nous avons à la vivre nous aussi.

Dans l’Évangile, le discours après la Cène chapitre 13 à 17 de st Jean, Jésus nous parle de la communion qu’il veut instaurer avec le Père. C’est aussi un blasphème ! C’est Dieu lui-même qui nous la donne, on ne peut pas se l’arroger. Voyez le chemin bouddhiste ‘par ses propres forces on trouve un chemin,’ mais il n’y a pas quelqu’un, un Ultime, enfin oui, mais il n’est pas formalisé… dans la personne de Dieu, et qui viendrait jusqu’à nous, pour nous chercher et nous proposer cette communion. Ce n’est pas à vue humaine ! C’est une communion du Père dans le Fils par l’Esprit.

L’Esprit Saint, le Paraclet comme on l’appelle (c’est du grec), c’est notre assistant ! C’est Dieu qui nous assiste, qui nous réconforte. On l’appelle aussi le Défenseur, Il est là, en nous, pour nous réconforter et nous pousser vers le Père en prenant le chemin du Fils et en nous  tournant vers nos frères. Voilà la communion plénière dans laquelle nous sommes appelés à entrer. Et Jésus le dit quelques heures avant sa mort et sa résurrection. Nous avons à travailler avec nos frères … et les événements d’aujourd’hui nous y poussent, nous avons à travailler, il faut être attentif, ouvrir les yeux sur les questions que posent ceux avec qui nous vivons… Nos solidarités sont en faiblesse dans le monde, nous avons à bâtir un monde qui n’est pas encore au point en particulier dans ce domaine…

Jésus annonce déjà une nouvelle présence, il sait qu’il va mourir, Il sera là autrement ! Une nouvelle présence du Christ par sa résurrection, où il sera visible encore un peu… mais ça ne durera pas, Il est vivant par son Esprit, l’Esprit du Père, Il est vivant au milieu de nous, et Il veut nous proposer cette communion comme aux apôtres. On pourrait être sensible au petit refrain avant et après l’Évangile, pour nous dire que c’est important, c’est une inclusion, méthode très juive, une manière culturelle,  on les voit souvent dans la Bible, ces petites inclusions.. ; garder fidèlement les commandements du Christ, pas ceux qui nous écrasent mais ceux qui nous aident à servir nos frères, avec intelligence, non pas celle de la raison mais celle du cœur.

 La deuxième lecture de Pierre, qui est venu en Samarie confirmer le travail apostolique du diacre Philippe, et conforter l’église naissante en Samarie, voici que Pierre nous rappelle que le Christ s’est donné, c’est l’innocent absolu, qui était signe de contradiction et qui s’est donné… au lieu d’affronter en ‘écrabouillant’, ce qui aurait été une vue humaine. Ce n’est pas la méthode de Dieu, c’est en esprit et en vérité… la vérité vous rendra libre ! On voit ici une connivence qui n’est pas du tout le hasard, la méthode non violente, Gandhi, qui n’était pas chrétien, parle de la force de la vérité. Gandhi, un homme d’une liberté extraordinaire, avait vu cela dans l’Évangile. Et sur 20 siècles, il a fallu que ce soit un non-chrétien qui nous mette le doigt sur la non-violence… ; et qui invente cette manière de faire que le Christ a utilisée. En se donnant avec fidélité et ténacité ! ce ne sont pas des vues humaines, à nous de nous y mettre ! Bonne occasion !! On est bousculé par les événements et si on veut les voir comme les adorateurs en esprit et en vérité, et non pas à la manière des hommes, alors, nous avons du travail à faire !