« Ne craignez pas… » À ses disciples, ses disciples d’hier comme ceux d’aujourd’hui, qu’il envoie en mission, Jésus demande dans l’Evangile de ce 12ème dimanche ordinaire de ne pas « craindre les hommes », et de proclamer en paroles et en actes le message de l’Évangile, quoi qu’il leur en coûte.
Derrière ces mots : « ne craignez pas » répétés deux fois nous pouvons deviner les chrétiens, premiers destinataires de l’Evangile de Matthieu, ployant sous le poids des épreuves de la persécution et tentés par le repli dans le silence, par peur de témoigner ouvertement et publiquement du Christ et de son Evangile.
Et ce sont, nous le savons, les martyrs de tous les temps qui ont su obéir à la lettre à la consigne donnée par Jésus. Parce qu’ils se savaient aimés de Dieu, à l’abri dans sa main paternelle, ils ne se sont pas laissé impressionner par les menaces et les tortures. En réalité, ils se sont montrés plus forts que leurs persécuteurs qui ne pouvaient, comme dit l’Evangile, que s’attaquer à leur corps, sans pouvoir en aucune façon porter atteinte à ce qui, seul, avait du prix à leurs yeux : à savoir leur amour sans réserve et sans retour, et pour Dieu, et pour tous ceux que Dieu aime, y compris donc pour ceux-là mêmes qui en voulaient à leur vie.
Dans un contexte qui n’est pas celui de la persécution extérieure, physique, mais plutôt marqué par le soupçon et une indifférence assez généralisée, la consigne donnée par Jésus garde toute sa pertinence. Le respect humain, le « qu’en dira-t-on », la peur du ridicule, peuvent nous amener à dire, peut-être tacitement par notre attitude, comme Pierre après l’arrestation de Jésus : « Jésus Christ ? connais pas. »
C’est alors qu’il nous faut entendre Jésus nous dire à nous aussi :
« Craignez plutôt… » Car il existe une bonne crainte, une crainte salutaire : la crainte de voir l’Evangile enfoui sous nos silences au lieu d’éclairer tous ceux à qui il est pourtant également destiné.
Une seule peur, au fond, devrait nous habiter : celle de renier le Christ et son Evangile par manque d’audace et de courage…
Joseph Le Gall, eudiste